Relocation ? Du sur-mesure !

Rendre service à des clients venus de loin, s’occuper de tout au niveau de leur installation, c’est le boulot des spécialistes de la relocation. Ils ne sont pas nombreux.

Naguère, « La Libre » a évoqué dans ses pages économiques une profession méconnue dans le monde industriel, à savoir la relocation. Or, les services rendus par deux jeunes liégeois à des entreprises en mouvement possèdent leur corollaire dans le domaine des individus privés, qu’ils soient l’objet d’un transfert de poste d’un pays vers un autre décidé par leur entreprise ou qu’ils soient en famille.

Dans ce dernier cas de figure, les Français venus s’installer par milliers, notamment à Bruxelles (Uccle et ses 11 000 nouveaux citoyens en sont témoins) ou dans la région de Tournai, on été il y a peu encore de formidables clients. Les effets positifs de la Communauté européenne furent du même ordre et l’ouverture récente de l’ancienne union à vingt-sept membres a vu arriver une déferlante de demandes de relocations.

De quoi s’agit-il sinon de répondre à une demande d’aide de la part d’individus ou de firmes qui débarquent dans un univers inconnu, certes accueillant puisqu’ils arrivent chez nous, et de tout prendre en main, avant l’arrivée momentanée mais parfois longues, de collègues ou d’employés, généralement cadres.

Pour les professionnels du secteur, les paramètres d’efficacité sont essentiels. La relocation est un petit monde que l’on pourrait regarder comme un satellite des agences immobilières, mais qui peut aussi vivre en toute indépendance vis-à-vis de ce secteur dont les mailles  de la toile sont répandues dans tout le royaume. Ici, c’est moins le cas. Les mailles  s’écrivent en capitales, comme Bruxelles bien sûr, Anvers aussi. Pour Laurent Seghers qui collabore avec l’agence « Homme in Brussels », spécialisée dans la location à court terme (de quinze jours à deux ans), « nous travaillons dans un contexte particulier, uniquement locatif, qui court sur des périodes inaccoutumées et qui est relativement exigeant. Nous avons parmi nos contacts deux ou trois compagnies qui viennent en appui logistique pour nous permettre de conclure des contrats avec des sociétés dont les cadres circulent beaucoup à travers le monde. Mais la relocation a proprement parlé n’est pas notre métier. Celui-là est en expansion car les gens qui en ont besoin sont de plus en plus pressés, occupés à diverses tâches et qu’ils préfèrent cette formule-là à une découverte longue, hasardeuse et semée d’embûches tant juridiques qu’administratives…« . Chez « Art Of Living », dont le siège est à la Hulpe, c’est justement le « core business » de s’occuper de la relocation.

Marc van Zuylen est un des deux administrateurs de cette société, en compagnie de Bernard de Gruben. Cela va faire bientôt dix ans maintenant qu’ils sont dans ce secteur. L’arrivée du Liégeois Marc van Zuylen en ce monde du service tint presque au hasard, et c’est parce qu’il en a bénéficié qu’il a décidé en 2001 d’en faire son métier. « J’étais alors employé par UCB et la firme m’avait envoyé avec ma famille en Argentine. Le séjour dura quatre ans, puis nous sommes revenus à Bruxelles. UCB nous a fait profiter de ce genre de services à notre retour et cela a fait « tilt » dans mon esprit. Une opportunité s’est présentée à ce moment et mon associé Bernard de Gruben et moi avons racheté une des premières sociétés de relocation en Belgique qui avait été créée en 1991. Aujourd’hui, nous employons plus de dix personnes, ce qui montre le potentiel que ce segment représente encore« .

Comme souvent dans ce périmètre des services à rendre à divers clients, l’efficacité vient avec le temps. Il faut constituer des réseaux, se faire connaître de diverses administrations, repérer tout ce qui va aider les étrangers à s’installer sans heurt dans notre pays, leur renseigner de bonnes adresses, ce qui va d’une école à une salle de concerts, des musées aux restaurants, voire aux livres qui donnent toutes les solutions pour les expatriés à l’instar de « Expats in Brussels » que publiait naguère encore Claire de Crayencour et auquel « Art Of living » contribua grandement. « Après dix ans de travail et 20 ans d’existence du nom« , nous dit Marc van Zuylen, « il est clair que le bouche à oreille fonctionne et que la pérennité dans le monde des « services » est un atout considérable au niveau de la confiance envers les clients actuels et potentiels. Nous devons aujourd’hui nous situer dans le Top 3 de la profession en Belgique mais l’étranger, à travers notre réseau de partenaires, prend une importance grandissante dans notre quotidien. L’internet pour nous comme pour les autres, nous a permis de nous développer beaucoup. Les cadres hauts et moyens sont nos clients habituels dans le secteur des entreprises. Les courts séjours limitent nos recherches. Pour eux, il faut que leur arrivée à Bruxelles, par exemple, permette qu’ils soient actifs le lendemain de leur atterrissage. Il n’en est pas de même pour les familles qui viennent s’installer pour de longues périodes, qu’elles soient dépendantes d’une administration européenne ou désireuses de quitter leur pays d’origine pour des questions que l’on imagine sans peine. Pour ceux-là, il nous faudra trouver un logement d’abord. On prévoit souvent environ deux jours de visites d’appartements ou de maisons, en fonction des budgets (ce poste est relatif dans le débat avec nos clients). Nous mâchons le travail en réalité, en sélectionnant les biens adaptés aux critères demandés et ce, auprès de la majorité des agences immobilières du marché. Puis une fois que le choix est établi, les clients repartent dans leur pays d’origine et nous nous occupons de toutes les besognes telles la révision et la signature éventuelle du bail, l’état des lieux d’entrée, les abonnements aux flux (eau, gaz, électricité, tv et internet), l’inscription dans les communes, le permis de travail, l’importation d’une voiture. On peut s’occuper des inscriptions scolaires si il le faut. Quand tout est réglé on contacte les clients et puis le déménageur et nous réglons les derniers soucis avec ces entreprises de transport. Ceci dit, parfois nous avons des familles qui arrivent sans rien. Il leur faut un lieu meublé ?  Pas de soucis, car il existe des entreprises (comme « In-Lease ») qui louent divers types de mobiliers en fonction des origines et des goûts de nos clients. Tout est donc possible« . Le confort et l’intégration sans embûche sont donc les buts recherchés par des compagnies comme « Art Of Living » ou « Map-Relocations » ou encore des firmes telles que « Ziegler » qui ne fait pas que des déménagements ou encore « Nova », « LTA », « Crown » ou « Brussels relocation », pour n’en citer que quelques-unes, toutes membres de l’association « Eura-relocation ». Elles viennent assister des individus ou des blocs familiaux pour que les premiers jours de leur présence en Belgique soient des plus agréables. Il faut également que les cadres en transfert soient immédiatement productifs dans le cas d’un « déménagements » professionnel. Cela peut paraître un luxe, mais c’est comme de bénéficier d’un chauffeur, d’un abonnement dans une compagnie de taxis ou, pour de grandes sociétés, faire voyager les patrons dans des avions privés ou loués si elles le veulent, autre sujet récemment traité dans La Libre Entreprise.

Tout le mobilier se loue de manière brève, jusqu’au micro-onde

Le complément d’une installation brève c’est de louer le décor.

Les grands et moins grands commis des multinationales voire certains militaires hauts gradés dépendante de l’Otan ou du Shape sont parmi les clients les plus habituels de la société « In-Lease » qui a tissé une toile européenne impressionnante depuis plus de vingt ans. Au siège belge installé à Ranst près d’Anvers, on pense Philips, Dow Corniong, UCB, Toyota, Volvo, voire les compagnies pétrolières, de ces grands groupes qui possèdent des ramifications planétaires et dont les cadres circulent à travers le monde comme les navetteurs qui prennent le train. Sauf à considérer qu’une importante frange de ces voyageurs patentés s’installe sur une zone géographique pour un temps déterminé. Cela va d’un mois à cinq ans en général. Souvent, c’est toute une famille qui se déplace de la sorte, pour un long terme dès lors. C’est ce que nous disait Kevin De Rop, Managing Director du groupe « In-Lease » en Belgique. « Notre rôle est de permettre aux arrivants de s’intégrer le plus vite possible dans le tissu économique de leur pays d’accueil. Quand on est habitué aux coutumes des USA, il y a un saut dans l’inconnu à accomplir et à assumer. Sur nos catalogues, les clients par aux-mêmes ou à travers leurs firmes, choisissent le décor dans lequel ils vont évoluer. Il y a trois lignes primaires, modernes, composées de meubles hyper-résistants, capables de subir déménagements et démontages remontages à des rythmes qu’une certaine Suède nous envierait. Notre aide à l’intégration va jusqu’au mobilier de cuisine avec tous les objets utiles, et se termine dans la buanderie avec le sèche-linge. Nos clients préfèrent cela à un appartement meublé avec le lit de grand-mère, la console de l’oncle et la machine à laver qui date de Mathusalem. Nous livrons donc un service, des meubles, du bonheur, le tout clé sur portes …, des buffets et des armoires, à linge de salle de bain car même les serviettes sont louables« . Et si quelqu’un de plus exigeant demande à vivre dans du mobilier plus sophistiqué, que se passe-t-il ? Notre hôte téléphonique nous répondit que « tout est possible. Nous avons des contacts dans différents milieux qui peuvent nous fournir des meubles différents, parfois plus anciens. Nous pouvons acheter des antiquités et les placer comme un leasing automobile. Les budgets tournent en général autour des 300 à 500 € par mois pour un appartement complet« . Les clients de « In-Lease » sont en général américains et du lointain Orient, Chine, Japon, Indonésie. Mais ils viennent aussi d’Amérique du Sud et parfois du Pacifique. Il n’y a presque pas d’Européens dans ce panel car pour eux, la solution du camion est évidemment intégrée. Ils se déplacent avec leurs meubles habituels. « Mais pour ceux qui viennent de très loin, notre formule est la meilleure », souligne Kevin De Rop, « car il ne leur faut pas attendre le conteneur qui mettra de 4 à 12 semaines pour arriver« . Pour faire face aux demandes parfois urgentes, la firme de location possède un dépôt de 4 500m² à Anvers. Et les zones géographiques les plus desservies sont d’abord Bruxelles et Mons. Viennent ensuite Gand et Bruges. « Anvers est une zone peut concernée par ce segment », précisait Kevin De Rop, « qui n’y signe pas cinq contrats par an sur plus de 600 contrats dont 250 en Belgique, en moyenne« .