Le bruit est un invité difficile à congédier

Avoir la paix (sonore) chez soi ? L’isolation acoustique est un enjeu capital dans le bien-être immobilier, mais souvent négligé …

Le silence est d’or :

Bien des locataires ou propriétaires d’immeubles mitoyens et d’appartements ont dû apprécier la valeur de cet adage en entendant un avion survoler leur toit ou un bus démarrer devant chez eux. Ou tout simplement à cause d’une machine à laver, de talons aiguilles ou d’une sonnerie de téléphone … L’isolation acoustique (de même que thermique) du parc immobilier belge un tant soit peu âgé souffre de défaillances. Selon Bruxelles-Environnement (IBGE), qui met à disposition du public de nombreuses infos techniques et administratives sur le thème, à peine une habitation bruxelloise sur dix est de construction récente. Ce qui laisse apprécier le nombre de logements posant problème à ce niveau. Le déficit est particulièrement criant dans les anciennes maisons unifamiliales retapées en appartements.

Depuis deux ans, une nouvelle norme, baptisée NBN S01-400-1, s’applique à tous les logements neufs ou rénovés pour lesquels un permis d’urbanisme est déposé. Elle distingue deux niveaux de confort. Le niveau de base devrait permettre aux acteurs de la construction de s’adapter à un second seuil, devant satisfaire, à terme, 90% de la population.

Quelques grands principes régissent les travaux en la matière : évidemment, la mise en œuvre sera plus simple en construction qu’en rénovation, où il importe de bien peser le coût des travaux et leurs bénéfices en matière de confort sonore avant de se lancer.

1. L’emploi de matériaux lourds, qui vibrent moins. Pour les murs, ce sera oui au béton plein, non aux briques creuses et légères. A titre d’exemple, le Centre Scientifique et Technique de la Construction (CSTC) recommande, pour les maisons mitoyennes et les appartements, une construction dite « massive » : « cette méthode associe des murs mitoyens massifs à simple paroi (min. 650kg/m²)« . Détail à ne pas oublier : en cas de rénovation, l’emploi de structures épaisses réduira la superficie de votre habitacle, parfois de plusieurs centimètres par cloison. A méditer …

2. Deuxième principe : la désolidarisation. Il s’agit d’empêcher la propagation du bruit en plaçant des obstacles à sa transmission continue. Exemple avec la firme Wienerberger, qui a mis au point une brique de masse supérieure, à utiliser avec ‘des tapis d’isolation acoustique qui désolidarisent les murs du sol et/ou des voûtes et minimisent ainsi les bruits directs« .

3. Casser la propagation à l’intérieur de l’obstacle, en intercalant une couche de matériaux mous et poreux. Le marché regorge de produits plus ou moins chers. Selon l’Asbl Centre Urbain, active notamment dans le domaine de la réhabilitation de logement, les laines minérales et végétales ainsi que les mousses absorbantes peuvent faire l’affaire En revanche, oubliez la frigolite et les cartons d’œufs du supermarché … « Tous les matériaux absorbants souples ou semi-rigides conviennent. La densité de l’isolant est peu importante, du moment qu’il est pas raide et rigide. Vous pouvez utiliser des matériaux écologiques ou recyclés comme les laines végétales, la mousse de cellulose (issue du bois de papier recyclé), les mousses de PET issues du recyclage des bouteilles en plastiques, etc … »

=> Le thème de l’isolation acoustique croise des aspects techniques, juridiques, administratifs (éventuelles primes) et de santé publique.

Choix durable ?

Les fabricants de matériaux isolants ne manquent pas. Le marché permet notamment d’opter pour des solutions dotées d‘un bon bilan environnemental, notamment parce qu’elles sont issues du recyclage ou naturelles. En matière acoustique, on peut pointer les blocs en silico-calcaire, le chanvre, le lin, le liège, les déchets de scierie, la mousse de papier, le polyester recyclé, la laine de mouton et la laine de plume . Certains de ces isolants ont en outre l’avantage de posséder de bonnes propriétés thermiques, ce qui est loin d’être systématique. Au rayon de l’écobilan défavorable, la classification NIBE, qui établit le classement des matériaux de construction sur base de critères écologiques, pointe du doigt les mousses en caoutchouc et les mousses synthétiques, ces dernières pour leur incapacité à se dégrader sans danger dans l’environnement (entre autres).

Avant de savoir quoi isoler (toiture, murs, façade, fenêtres), à quel prix et avec quelle solution (le choix est vaste …), Bruxelles-Environnement recommande de faire un diagnostic acoustique. Principe de base : avant de se lancer dans un grand chantier, il faut d’abord colmater les problèmes d’étanchéité et les trous dans les cloisons isolantes. C’est une étape capitale. Une mauvaise étanchéité rend quasi nulle toute une installation théoriquement adéquate. Concernant les façades, la moindre ouverture « peut sérieusement handicaper le niveau de performance d’ensemble« .

Pour les fenêtres, un principe général en isolation acoustique prévaut : il faut identifier le type de bruit dont on veut se prémunir. Plus l’épaisseur de la vitre est grande, meilleure sera l’isolation. Plusieurs types de de double vitrage s’offrent à vous, les thermiques n’offrant malheureusement pas toujours la meilleure garantie acoustique …

La toiture peut elle aussi être vulnérable aux bruits, surtout ceux des avions. Le CSTC rappelle une nouvelle fois la règle de la désolidarisation, ici pour les toitures à versants : leur isolation acoustique « peut être sensiblement améliorée si la finition du plafond est partiellement désolidarisée de la structure portante, créant ainsi une double paroi acoustique ». Une désolidarisation totale est également envisageable. Enfin, la dernière étape de ce scanner acoustique concerne l’intérieur. Les solutions varient du plus simple, telle une moquette sur le plancher pour se protéger des bruits du dessous, au plus complexe, soit une chape flottante. Sans oublier la plus pragmatique de toutes : le dialogue avec le (bruyant) voisin, en espérant qu’il ne soit pas de sourds …